Liban : se dépayser à Tripoli

Notre semaine au Liban continue ! De Batroun nous décidons de remonter encore plus au Nord, à Tripoli. Il s’agit de la deuxième ville du Liban et de l’une de mes étapes préférées du voyage. Après Beyrouth et Batroun, le décor change du tout au tout et on se laisse emporter par la foule (qui nous traine, nous entraine…), les bruits et les odeurs. Tripoli, on arrive !

En route pour Tripoli

Après un réveil en douceur dans notre superbe maison d’hôte, nous dégustons le meilleur petit déjeuner de toute ma vie. Et je n’exagère qu’à peine ! Un article gourmand dédié en parlera prochainement. Tout sur la table est fait maison et frais, on se régale. On mange beaucoup pour ne pas avoir faim trop vite et pour profiter de la journée d’exploration qui nous attend…à Tripoli !

Nous avons décidé d’aller à Tripoli en bus, l’option la plus abordable. Colette, qui nous héberge, nous propose de nous rapprocher du bus. Nous embarquons donc en voiture avec Cloé, son adorable bouledogue français. Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvées … à pied, au bord de l’autoroute ! En effet, les bus n’ont pas d’arrêt fixe ici ! Ils prennent les passagers et les déposent sur demande. Ce qui est en soi super pratique et arrangeant. Cependant, il faut connaître la ville où l’on va pour savoir où et quand demander l’arrêt.

Nous voici donc sur le bord de l’autoroute. Nous restons à l’affut des bus et en voici un au loin qui arrive. Vite, nous lui faisons signe de la main et demandons s’il se rend à Tripoli. Coup de chance, c’est sa destination. On grimpe à bord et on s’installe. Le bus continue sa route, les portes ouvertes pour faciliter la descente et la montée. Nous discutons comme nous le pouvons avec les autres passagers. Heureusement, nous avons réussi à leur dire où nous voulons aller et l’un deux fait signe au conducteur de s’arrêter.

Le bus nous dépose dans une rue proche de la place Al Nour. Colette nous a expliqué que de cette place, il nous suffisait de demander autour de nous pour nous guider à travers la ville. Tout d’abord, nous souhaitons découvrir le souk de Tripoli, très apprécié des Libanais.

Arrivée au Souk

On se plonge dans les rues sans trop savoir et tout d’un coup, l’entrée se présente face à nous ! Nous croisons même deux ou trois touristes, les premiers depuis notre arrivée, nous ne sommes pas seules ! Un monsieur se propose de nous faire visiter la grande Mosquée et le souk. Cependant, trente secondes passent et nous l’avons déjà perdu ! Il faut avouer qu’il y a du monde autour de nous ! C’est l’heure de la prière, nous voyons les fidèles se presser à l’intérieur de la Mosquée. De notre côté, nous commençons d’abord par par explorer le souk.

Nous nous engouffrons dans ces ruelles étroites. Il y a des petites échoppes dans tous les sens. On ne sait pas où donner de la tête ! Je vous conseille chaudement de vous y aventurer. Vous y trouverez de tout : légumes, fruits, viandes, poissons, or, bijou, vêtements, savon. Etonnamment, le souk s’organise par catégorie de produits. Les vendeurs de légumes sont tous rassemblés ensemble, les vendeurs de bijou sont tous dans une même ruelle etc. Pourtant, les voisins/concurrents ont l’air de bien s’entendre ! Ce que j’apprécie énormément ici; et contrairement à d’autres souk que j’ai eu l’occasion de visiter, c’est que personne n’est insistant. On ne nous force pas à acheter. Au contraire, on nous laisse le temps de regarder et de discuter.

Alors que nous poursuivons la découverte de ce lieu hors du temps, une personne nous invite à visiter le « Khan al saboun », le marché au savon. Colette nous en avait justement parlé, nous n’hésitons donc pas et filons dans une cour attenante.

Rencontres inoubliables au marché au savon

Il y a peu de monde dans la cour et on sent déjà d’excellents parfums. Une dame nous invite à visiter le petit musée du savon et les boutiques. Savon pur, décoratif, exfoliant … tout ce dont on peut avoir besoin est là. Il y a même le savon le plus cher au monde ! Oui oui ça existe ! Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes.  Par ailleurs, tout est fabriqué avec des produits naturels.

Dans la première boutique, je rencontre Odette. Cette Libanaise a mon âge et réalise des enquêtes auprès des consommateurs de savons naturels pour son mémoire. Ensuite, nous découvrons une deuxième boutique. Les produits sont similaires et nous finissons par nous laisser tenter. Pour moi, un savon pur brut et un savon exfoliant (avec une vraie éponge dedans !) au jasmin. Ça sent tellement bon ! Là encore, nous restons discuter avec la vendeuse. La jeune femme est heureuse de pouvoir parler français avec nous, elle adore la France et compte s’y rendre l’été prochain. Elle nous propose alors un café dehors. Nous acceptons évidemment.

Après un délicieux café, elle nous propose de rester manger avec elle et d’attendre que ces deux premiers enfants rentrent de l’école. Odette nous rejoint aussi. Nous partageons alors du pain libanais, du concombre, des pois chiches. Nous échangeons sur nos modes de vie, sur la vie au Liban, la société, l’école… Comme Odette et moi avons le même âge, je peux découvrir ce que c’est d’être étudiante au Liban, de sortir, de prévoir son avenir. C’est un merveilleux échange.

Prendre de la hauteur à la Citadelle

Après deux bonnes heures à échanger et partager, nous quittons nos nouvelles amies. En sortant de Khan al Saboun, elles ont même demandé à un garçon de nous raccompagner à la sortie du souk, pour ne pas nous perdre ! Nous avons rencontré tant de bienveillance au Liban, c’est incroyable ! Sur leurs conseils, nous allons visiter la Citadelle Saint-Gilles.

Une fois sorties du souk de Tripoli, nous retrouvons la lumière du jour et entamons donc l’ascension de la rue, jusqu’au château. Nous croisons là-haut de nombreux militaires et chars. Mais ils nous invitent à visiter la citadelle sans problème. Cette forteresse imprenable a traversé les époques. En effet, elle remonte au tout début du douzième siècle après avoir été construite par les Français. En même temps, le lieu est stratégique : nous y avons une vue à 360 degrés sur toute la ville.

Il fait beau et chaud, les bâtiments jaunes contrastent avec le bleu du ciel. On y oublie vite la frénésie du souk qui se trouve pourtant à quelques pas. Ici, tout est calme, oublié dans le passé. Comment c’était, à l’époque des Croisades ? Que voyaient-ils donc ?

Nous faisons tout le tour de la forteresse, puis repartons nous engouffrer dans les rues de Tripoli. En chemin, nous nous arrêtons discuter avec des militaires qui nous interpellent. On rigole un instant et reprenons la route, la journée passe tellement vite ! Dans la rue, on nous offre à nouveau un café ! Cette fois il est tellement chaud et sucré qu’on croirait presque un caramel !

Découvrir les mosquées

Finalement, nous atteignons notre point de départ de ce matin, l’entrée du souk. Nous y retrouvons alors le guide que nous avions perdu ! Enfin…c’est lui qui nous reconnait ! Il nous propose de faire un bout de chemin ensemble et de visiter quelques mosquées. Nous en visitons une première, juste à côté du souk. Nous nous couvrons la tête, retirons nos chaussures et entrons.

Alors qu’à Batroun, nous avons croisé et visité un grand nombre d’églises, à Tripoli, il y a une majorité de mosquées. En effet, la majorité des habitants de la ville sont sunnites. Cette coexistence entre les cultures et religions dessine le paysage libanais et donne un visage très différent à chaque ville. Tripoli est incomparable !

Notre nouveau guide nous éloigne ensuite du centre historique de Tripoli. Il nous raconte, tantôt en français, tantôt en anglais, son enfance à Tripoli, sa carrière autour du monde et son retour dans sa ville natale. On se laisse embarquer dans ses histoires dignes d’un roman d’aventures. Nous arrivons dans un quartier moins fréquenté, plus calme. Nous visitons alors une autre grande mosquée, anciennement église et entourée d’un grand et agréable jardin.

Comme l’après-midi est déjà bien entamé, nous décidons de retourner à la place Al Nour. Le merveilleux guide nous trouve alors un service avec qui il négocie un prix pour nous déposer au port de Tripoli. Notre dernière étape dans la découverte de la ville sera donc Al-Mina, le port !

Faire un tour au port

Aussitôt dit, aussitôt fait, le service nous dépose au port ! Le paysage est bien différent du centre de Tripoli. Les rues sont beaucoup plus modernes, plus larges et ouvertes. Il y a toute une promenade le long de la mer qui nous offre encore une fois un coucher de soleil inoubliable ! Nous marchons un peu, découvrons une petite île toute mignonne sur laquelle nous faisons enfin une courte pause.

La nuit fait son apparition et nous nous rendons compte que nous n’avons rien mangé de la journée ! Sacrilège ! Le pire, c’est que Tripoli est réputée dans le monde entier pour ses pâtisseries ! Vient alors le choix cornélien, où manger ? Vaut-il mieux manger à Al-Mina, dans le vieux Tripoli ou rentrer à Batroun pour y dîner ? Finalement, comme nous ne savons pas à quelle heure les bus arrêtent de circuler, nous préférons rentrer puis dîner. Mais encore faut-il réussir à rentrer…

Réussir à rentrer

Aucun bus ne passe à Al-Mina d’après ce que nous voyons. Première étape donc, retourner à la place Al-Nour. Nous arrivons à arrêter un taxi avec lequel on négocie le tarif. On paiera comme pour le trajet aller, soit 4000 livres libanaises. Enfin, ça, c’est ce que nous avons compris. Le taxi nous dépose et là, le tarif change. Le conducteur demandait bien 4000 livres mais par personne ! On comprend vite pourquoi il avait très vite accepté notre proposition… A titre de comparaison, le trajet Batroun-Tripoli nous a coûté 5000 livres par personne pour plus d’une heure de route. Là, le taxi demande 4000 par personne pour … 8 minutes de voiture ! Nos capacités de négociations frôlant le néant et la faim et la fatigue se faisant sentir, nous payons !

Bon, nous voilà de retour dans Tripoli, c’est déjà ça. Maintenant il faut prendre un bus pour Batroun. Le souci, c’est que la place est en forme de rond-point et qu’il y a des bus et mini-bus tout autour ! Toutefois, la gentillesse des Libanais n’est plus à démontrer. Une personne voyant nos têtes perdues nous demande où nous souhaitons aller et nous indique le bus à prendre. Nous montons à bord et en route.

Je vous l’expliquais avant, le bus s’arrête sur demande. Or…il fait nuit noire quand on rentre de Tripoli. Et quand on demande au conducteur de s’arrêter à Batroun eh bien… nous avons déjà dépassé la ville ! On descend alors au bord de l’autoroute, devant un point de contrôle militaire. Un militaire nous fait traverser la route et arrête alors un taxi pour nous. Heureusement qu’il était là ! Nous voilà alors enfin à Batroun, ravies de notre magnifique journée à Tripoli mais également lessivées de la journée !

Un bon repas et au lit ! Demain, nous referons nos valises …direction Byblos !

Aimer. Partager. Voyager !

 

 

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