Lyon, c’est drôle, qu’importe où je vais, tu reviens toujours sur mon chemin. Alors aujourd’hui, je t’écris quelques mots car cela commence à faire un bout de temps que je dois te vider mon sac.
Toi et moi ça a commencé en 2011. J’avais 17 ans, je te connaissais vaguement, de nom. Je situais sur une carte. Et puis un jour, le destin nous a lié. Enfin, le destin, l’admission post-bac plutôt. Bientôt, tu allais m’ouvrir tes bras.
Septembre 2011. Demain c’est la rentrée. Je suis à l’aéroport, toi et moi on va se rencontrer. Mes amis sont tous là, ma famille et mon amoureux aussi. On se dit au revoir, à partir de cette année, on ne sera plus dans la même classe. On pleure un peu, mais je ne comprends pas. Pour moi, la distance qui te sépare à mon chez moi, ce ne sont que les quelques centimètres à échelle de la mappemonde de mon salon, celle que j’ai tant regardée en rêvassant à mon prochain voyage. Mon prochain voyage, c’était toi, Lyon.
Premiers pas
Notre première rencontre, c’est un peu décevant. Ce que je vis n’est en rien semblable aux photos ni à ce que je me suis imaginé. Il parait que ça fait pareil à ceux qui utilisent Tinder… Mon rencard c’est toi et pour l’instant je trouverais bien une excuse pour rentrer chez moi. On arrive directement à la résidence étudiante. Rue de la quarantaine, tiens donc. Mon prochain nid, les neuf mètres carrés que de nombreux étudiants connaîtront. Quand tu découvres ça après avoir vécu dans une maison avec ta famille nombreuse en campagne, forcément…ça fait drôle.
On pose bagages. On fait semblant que tout est simple et évident. Après tout, on a tous eu l’habitude de partir loin de la maison, au quatre coins du monde. Mais là c’est différent. On se ressaisit, une promenade pour découvrir ma future école, le quartier… et l’heure du retour sonne. Comme dans un film, je me retrouve d’un côté des grilles, ma maman et mamie de l’autre. C’est l’une des seules fois où je vois ma maman pleurer. Désormais c’est confirmé, tout sera différent.
Lyon, je t’aime moi non plus
Maintenant, c’est entre toi et moi, Lyon. J’apprends à te découvrir, mais ne profite pas de toi. Pourtant, je ne peux que remarquer ta beauté. Mais tu sais ce que c’est, on est jeune et un peu bête. J’ai 17 ans, j’ai la chance d’avoir été couvée…je suis un bébé. Je n’ose pas te tendre la main. Je suis immature et j’ai la frousse. J’ai envie de rentrer, je ne suis pas prête. Mais avant tout, je me sens seule, seule donc vulnérable.
Durant ces premiers mois tu te dévoiles. Tu es si colorée, si vivante, si cultivée. Mais désolée je veux rentrer.
Mais Lyon, tu marques un point. Un point essentiel. Tu as fait quelque chose d’extraordinaire. Tu as mis de nouveaux amis sur ma route. Des gens exceptionnels. En quelques jours, quelques rires, c’est comme si on s’était toujours connu. On allait se séparer et voler sur de nouveaux continents. Prendre des routes et faire des choix différents. Mais tu as créé une amitié qui tient la marée. Et déjà, tu commences à être pardonnée.
We were on a break!
Au bout d’un semestre, on se quitte déjà. C’est peu, mais ton emprunte est là. Tu m’as marquée. Tu le sais, je t’ai fait des infidélités… Je suis tombée folle amoureuse de Londres avec qui tout était nouveau. J’ai retrouvé la Bretagne. J’ai flirté avec le Costa Rica, Newcastle… Puis il y a eu Paris. Ah ! Paris. Avec elle aussi ça a été une sacrée aventure ! Mais c’est une autre histoire.
Toutes ces villes, ces nouvelles pages, m’ont beaucoup appris. Elles m’ont faite, moi. Je garde chacun de ces souvenirs précieusement, comme des trésors que je ne saurais partager avec personne. Comme une huître, un peu. Mais si par ce texte j’ose enfin m’ouvrir, Lyon, c’est parce qu’il ne faut jamais dire « jamais ». Et j’avais dit « jamais je ne te reverrai ».
Lyon, épisode 2
Février 2018. Sept ans plus tard. Demain, je repars à Lyon. Je me réinstalle chez toi, avec cette drôle de durée, « indéterminée ». Mais tu sais toi aussi que cette fois, tout est différent. J’ai pris sept ans, je deviens grande on dirait. Tu as dû aussi remarquer, on m’a retiré les bagues qui ornaient mes dents, c’est dire ! Mais surtout, je ne suis plus seule. Tu n’es plus mon aventure incertaine, tu es notre projet à deux, un futur incertain, mais voulu, rêvé, désiré. On est même déterminé à te retrouver, Lyon. La preuve, on traverse la France dans une Clio blindée qui est au seuil de la mort à chaque montée. Mais on y arrive et te voilà. A nouveau réunies.
Comme toute nouvelle chance, nos débuts sont timides. Quelques promenades. Je n’ose pas me dire que tu me plais vraiment. Et puis, ça part crescendo. Je retrouve mes amis, comme si l’on c’était donné rendez-vous dans sept ans. On s’en fait de nouveaux. On apprivoise le quartier. Des souvenirs que l’on crée, voilà ce qui se passe. Je te redécouvre avec de tout nouveaux yeux. Je veux te croquer à pleines dents, te connaître sous toutes les coutures. Je perçois tout ce pourquoi tant de gens t’aiment passionnément. On dit des Bretons qu’ils sont fiers, attendez d’entendre les Lyonnais. Et ils ont raison !
T’aimer chaque jour un peu plus
A l’heure où j’écris ces mots, cela fait un an que je suis à Lyon. Qui l’aurait dit ? Un an passé si vite ! Je n’ai pas envie de repartir, pas maintenant, même si cela viendra. J’apprécie tant en apprendre plus sur toi, tu es si belle, tu as tant de choses à offrir, tant de choses que j’aime. Tant que j’en ferai une liste à la Prévert.
Te parcourir à pied, en long en large et en travers
Tes quais, en hiver comme en été
Ton parc de la Tête d’Or et ses grandes serres
Me déplacer à vélo dans tes rues
Prendre un bain de couleurs dans le vieux Lyon
Arpenter ta Croix-Rousse et son marché
Ton street-art et tes trompe-l’œil
Tes bouchons pour grands mangeurs
Tes pralines roses et ta Praluline
Ta proximité de la montagne
Tes nombreux bars où trinquer
Tes noms de stations de métro et de quartiers
Tes personnalités que l’on trouve toujours au même endroit, dont tout le monde connaît la légende
Tes montées qui font les cuisses
Ta Fêtes des Lumières et sa folie
Tes Mères qui m’ont tant inspirée
Ta Fourvière et sa vue
Tes musées
Ton Rhône, ta Saône, ta Confluence
Tes soirées bien arrosées
Ton 7ème qui a bien voulu m’adopter
Tes restaurants à chaque coin de rue
Ton histoire
Ta piscine du Rhône
Ta pizzeria du coin
Le fait que tu sois si grande et si petite à la fois
Tes opportunités
Tes futurs
Nos amis
Merci
Lyon, te retrouver et tout est pardonné. Enfin, pardonné de quoi ? Tu ne m’as rien fait. C’est pas toi c’est moi. Je n’ai pas su t’apprivoiser, te laisser une chance. J’avais peur mais c’est terminé. Lyon, tu veux bien me garder encore un peu ?
Envie de poursuivre la promenade ? Je vous laisse avec quelques photos prises depuis mon installation à Lyon.
10 Comments
C’est très beau, Lyon aura toujours les bras grand ouverts pour toi , très content que tu sois de nouveau ici!
Ce sont les amis comme toi qui la rendent encore plus belle !
Ah Lyon ! La famille de ma mère vient de là-bas alors j’y suis très souvent allée quand je vivais à Grenoble. J’aime cette ville, je me suis toujours dit que je veux aller vivre à Lyon ou à Bordeaux quand je voudrai me poser. C’est vraiment une ville que j’apprécie beaucoup !
Je te comprends tout à fait ! Lyon est un bonheur à vivre au quotidien, vraiment ! Bordeaux a l’air tout aussi belle et agréable à vivre, sans parler de la proximité de la mer !!!
Tu m’avais manquée. Lyon c’est toi, Lyon c’est surtout nous. ❤️
C’est surtout et toujours nous ❤️Merci mon Thomas, tu m’avais manqué !
C’est magnifiquement bien écrit ! Elle en a de la chance cette jolie ville de recevoir une telle déclaration
Merci Olivia ! ça me va droit au coeur !
Magnifique écriture Marie, bravo pour ce « chemin » parcouru (je dirai plutôt autoroute mais c’est moins joli ) et j’imagine que tu as encore avancé après ce texte…
tu peux être fière de toi ❤️
Avec beaucoup de retard, MERCI Sonia, ça me touche beaucoup. Gros bisous <3